Interview auteur : Agnès Boucher
Bonjour Agnès! Vous êtes prête à être disséquée comme il se doit? C'est parti!
1.
Présentez-vous
en une phrase maximum. Incurable individualiste ayant
passé le mitan de sa vie, du moins je l’espère, car je ne veux pas vivre trop
vieille, fanatique de livres, de musique, de liberté et de curiosité pour mes
contemporains !
2.
Qu’est-ce
qui vous a poussé à écrire ? Aucune idée,
je m’y suis mise très tôt, sans doute pour « sortir » de ma tête les
histoires qui s’y amoncelaient.
3.
Êtes-vous
fidèle à un genre en particulier ou préférez-vous vous éparpiller ? Euh… En écriture ? Non, je
n’aime pas être enfermée. J’ai écrit un essai, des polars, un récit, des
nouvelles, des fictions pour la radio… Je m’essaie au roman… Je déteste
m’ennuyer et écrire toujours dans le même style m’ennuierait prodigieusement.
En lecture, c’est pareil. Plus jeune, je
lisais tout. Aujourd’hui, par manque de temps, j’ai réduit mon champ d’action
et lis surtout des polars, du théâtre, des livres d’Histoire.
4.
Quels
sont les titres de vos romans ? Pouvez-vous les résumer rapidement ?
Comment exister aux côtés d’un
génie, Fanny Mendelssohn, Clara Schumann, Alma Mahler, c’est un essai sur la difficulté à exprimer son génie quand on est
femme et artiste, et que de surcroit on côtoie un génie au masculin (époux ou
frère en l’occurrence pour ses trois-là)
Alma Mahler, naissance d’une
ogresse, ce récit est celui des dix années de mariage entre
Alma Schindler et Gustav Mahler, comment de deux névroses et personnalités hors
du commun se construit une relation de couple, les jeux de pouvoirs,
l’avènement d’une femme qui paradoxalement n’aime pas les femmes…
Méfiez-vous des contrefaçons est mon premier roman policier, construit autour de trois personnages
qui se renvoient la balle sans vraiment se rencontrer jusqu’au dénouement final
Elle veut toute la place, ce recueil de nouvelles m’a permis d’aborder de nouveaux champs
d’écriture. La nouvelle est un genre trop méconnu en France, contrairement au
public anglo-saxon qui l’affectionne. La nouvelle, c’est le challenge de faire
court et de donner envie au lecteur de poursuivre l’aventure de chaque récit
avec sa propre imagination !
Tuer n’est pas jouer, est un second roman policier, écrit à la première personne du
singulier, où je mets peut-être un peu plus de moi, même si le héros est un
homme. C’est l’histoire d’un tueur qui vit le paradoxe de devenir proie et de
devoir chercher à comprendre qui veut le tuer et pourquoi !
5.
Avez-vous
des petites habitudes lorsque vous écrivez ? Tisane le matin, thé l’après-midi, musique, musique, musique, classique
essentiellement. Et le calme, indispensable !
6.
Quelles
sont les sources de vos inspirations ? Pfff…. La
vie, les gens que je croisent peuvent se retrouver dans un de mes livres, tout
comme les situations que je vis ou les discussions auxquelles j’assiste. Les
livres que je lis, les films aussi m’inspirent nécessairement.
7.
Comment
doit être, selon vous, un personnage principal ? Pas obligatoirement sympathique, mais absolument charismatique. Sinon,
ce n’est pas un personnage principal, ou alors, il faut s’appeler Camus et
écrire L’Etranger.
8.
Et
un personnage secondaire ? Il est là
pour soutenir le personnage principal, et aussi pour me permettre de développer
d’autres personnalités, de m’exprimer de manière différente, bref, de m’amuser
un peu. Mais un personnage principal peut devenir presque secondaire dans un
autre roman. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait avec mon second polar, où des
personnages du premier apparaisse, qui n’ont plus le premier rôle. Ils sont là
pour certains en forme de clin d’œil au lecteur.
9.
De
quel roman aimeriez-vous être l’auteur ? Désert de Le Clézio, Le
Crabe-Tambour de Schoendoerffer, La
retraite sentimentale de Colette, et bien sûr, Mrs Dalloways de Virginia Woolf !!!!
10.
Quel
est votre livre préféré ? Pourquoi ? Mrs Dalloways… L’écriture de Virginia Woolf, à la fois poétique
et incisive, ses univers un peu fous, sa tristesse insondable et sa précision
presque clinique des sentiments et des personnalités, plus tranchante qu’un
scalpel (ça plaira aux chirurgiens lecteurs !!! J )
11.
Quels conseils donneriez-vous à un
débutant en écriture ? Avant toute chose de lire, lire, et encore lire. Puis de
lâcher prise, de ne pas vouloir écrire le meilleur tout de suite, de travailler
encore et encore, comme un artisan apprend son métier. Bref, de persévérer et
de ne pas croire qu’un livre s’écrit en deux temps trois mouvements, ou alors,
on s’appelle Cocteau !
Le « Avez-vous déjà ».
1.
Avez-vous
déjà modelé l’un de vos personnages selon un personnage (fictif ou non) que
vous aviez apprécié ? Non. Même si je suis forcément
inspirée par mes lectures, mes personnages viennent avant tout de moi.
2.
Avez-vous
déjà eu le syndrome de la page blanche ? Si oui, comment avez-vous fait
pour vous en débarrasser ? Non, je
préfère écrire, même mal… Du plus mauvais, je retravaille toujours pour aller
(je l’espère) vers du meilleur. J’écris assez vite, un peu en automatique, et
je retravaille beaucoup derrière.
3.
Avez-vous
déjà abandonné un roman que vous aviez entamé ? Non, mais tous n’ont pas été envoyés à un éditeur… J
4.
Avez-vous
déjà laissé un manuscrit dans un tiroir, de peur des critiques ? En fait, les livres que je laisse dans un tiroir le sont, non par peur
des critiques, mais parce que je sais qu’ils sont vraiment mauvais. Je suis ma
première critique et je crois qu’il faut mal écrire pour s’améliorer. Je plains
ceux qui font tout de suite le « coup de maître »… L’ouvrage suivant
doit être difficile à pondre, sauf quand on est un génie, mais ça, c’est plutôt
rare… ;-)
5.
Avez-vous
déjà assisté à une discussion entre vos personnages ? En permanence quand je suis en phase d’écriture, ils papotent dans mon
cerveau, ce qui me donne parfois quelques absences par rapport à la vraie vie.
Je me suis d’accord reconnue dans une des scènes du très beau film The Hours, quand Virginia Woolf reçoit
sa sœur et ses neveux et nièce, murmure devant eux parce qu’elle pense à son
livre (Mrs Dalloways). Vanessa, la sœur, dit alors une chose très belle, qui
est que Virginia a beaucoup de chance, puisqu’elle vit sa vie et la vie de ses
personnages…
Les questions bonus à compléter…
1.
Si
j'étais un animal je serais… un aigle… ou un chat.
2.
Si
je pouvais avoir un objet, n’importe lequel, peu importe le prix, ce serait… Pffff… Je ne suis
pas matérialiste, je m’attache peu aux objets…
3.
Si
je pouvais entrer dans un roman, ce serait dans… Mrs Dalloways, comme
observatrice invisible, pour ne pas tuer la fantastique magie de ce roman.
4.
Si
je pouvais avoir une discussion avec un auteur, ce serait … Vivant… John Harvey,
j’adore ses polars… Mort ? Virginia Woolf, évidemment.
5.
Si
je pouvais avoir une discussion avec un personnage de roman, ce serait… Mongo, le
nain acrobate et ceinture noire de karaté héros des romans de Georges Chesbro.
6.
Mon
rêve le plus fou est…
La paix, rien d’autre que la paix, et la liberté pour chacun de nous…
7.
Si
j'avais pu vivre à une autre époque de l’histoire, ça aurait été… L’entre deux
guerres mondiales, parce que la liberté y était paradoxalement assez forte… et
la pensée et l’art foisonnants.
8.
Si
j'étais un plat cuisiné, je serais… Je n’aime pas manger, mais j’adorais
le rôti de porc cuisiné par ma Môman… J
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